L’ESS lance une réflexion collective au sujet de l’IA

Le 13 mai dernier, APRES Genève organisait un « Lunch des bonnes pratiques au sujet de l’IA ». Trois intervenant·e·s se sont succédé·e·s, Dominique Climenti, fin connaisseur du phénomène IA et expert en cybersécurité chez Kyos, Laura Tocmacov, de la fondation ImpactIA et Samuel Chenal, d’itopie. Une journaliste du journal Le Courrier était présente, et a publié un article, intitulé « IA: cerner les questions à se poser », le 6 juin.

On sent dans les différentes prises de position que le sujet est pour le moins délicat. En effet, l’IA est massivement imposée par le haut et par le privé, de manière irrépressible semble-t-il. L’ESS genevoise comprend bien sûr les enjeux et les dangers sous-jacents à ce bouleversement civilisationnel, mais en tant que faîtière économique, elle doit trouver un juste équilibre.

Aperçu de l'article du Courrier du 6 juin 2025
Aperçu de l’article du Courrier du 6 juin 2025

Dans son livre « L’homme diminué par l’IA » , Marius Bertolucci fait le constat que notre société ne dispose pas encore des concepts et même du vocabulaire adéquat pour appréhender le phénomène IA dans sa globalité. L’initiative d’APRES Genève est donc essentielle pour que chacune et chacun puisse comprendre ce qu’implique un tel bouleversement et se faire une idée factuelle et informée.

L’IA serait donc irrésistible pour la majorité de la population, quelles qu’en soient les conséquences à court, moyen et long termes sur la société et l’environnement. Comment est-ce possible ? N’avons-nous pas les moyens de résister ?

Ces moyens se révèlent malheureusement largement insuffisants pour affronter une telle révolution, pour les deux raisons suivantes (entre autre), inspirées des deux livres affichés dans les deux marges.

Le bug humain
  1. Notre cerveau favorise naturellement les options qui impliquent des efforts moins élevés. Autrement dit, il privilégie une forme de paresse (l’un des renforceurs primaires, détaillé dans le Bug Humain, à gauche).
  2. Être performant (combinaison entre l’efficacité et l’efficience) est un mantra contre lequel il est difficile se battre. C’est associé à la réussite, sociale, professionnelle, relationnelle (thème du tract Gallimard, à droite).
Antidote au culte de la performance

Dans ce contexte, l’IA générative agit comme un produit dopant, permettant de réaliser des actions hors de notre portée et beaucoup, vraiment beaucoup plus rapidement, en dépensant moins d’énergie, de temps et d’argent, avec en prime une accoutumance au procédé, étant donné qu’il procure un fort sentiment de reconnaissance.

Cette position dominante ou de domination de l’individu par la machine, occulte totalement les conséquences nuisibles sur la société et notre écosystème, même si elles sont attestées scientifiquement. L’IA et plus globalement le développement du numérique devient immunisé à la critique, qui est souvent balayée d’un revers de main. Nous perdons toute mesure avec un comportement qui s’apparente à une fuite en avant, sans se soucier des impacts.

Le numérique reste un outil fantastique et précieux, qu’il faut utiliser avec modération et pour des besoins essentiels. Notre Manifeste pour un numérique éthique à visage humain reprend ces enjeux et propose une posture claire et lisible pour notre communauté.