Dernières lectures inspirantes

Nous vous proposons de revenir brièvement sur les derniers essais (dont une BD fameuse) qu’itopie a lus dernièrement sur ses thèmes de prédilection. Vous pouvez retrouver toute la bibliothèque d’itopie sur la page dédiée aux sources de ses valeurs et engagements.

Vallée du silicium

Alain Damasio, édition Seuil / Albertine

Ce qui manque furieusement à notre époque, c’est un art de vivre avec les technologies. Une faculté d’accueil et de filtre, d’empuissantement choisi et de déconnexion assumée. Des pratiques qui nous ouvrent le monde chaque fois que l’addiction rôde, un rythme d’utilisation qui ne soit pas algorithmé, une écologie de l’attention qui nous décadre et une relation aux IA qui ne soit ni brute ni soumise.

À San Francisco, au cœur de la Silicon Valley, Alain Damasio met à l’épreuve sa pensée technocritique, dans l’idée de changer d’axe et de regard. Il arpente « le centre du monde » et se laisse traverser par un réel qui le bouleverse.

Composé de sept chroniques littéraires et d’une nouvelle de science-fiction inédite, Vallée du silicium déploie un essai technopoétique troué par des visions qui entrelacent fascination, nostalgie et espoir. Du siège d’Apple aux quartiers dévastés par la drogue, de rencontres en portraits, l’auteur interroge tour à tour la prolifération des IA, l’art de coder et les métavers, les voitures autonomes ou l’avenir de nos corps, pour en dégager une lecture politique de l’époque et nous faire pressentir ces vies étranges qui nous attendent.

itopie : cet ovni littéraire est particulièrement remarquable. Alain Damasio, en auteur de SF affirmé, s’essaie à l’essai, et il relève particulièrement bien le défi. Que c’est bon de lire un essai bien écrit, avec du style, même si le propos a de quoi nous plomber le moral. De plus, Alain Damasio ne tombe pas dans le piège de la critique technologique absolue. Certains chapitres nuancent son discours. On constate notamment que des rencontres humaines lui ont fait prendre conscience de la réelle complexité du sujet.

Ressources, un défi pour l’humanité (BD)

Scénario : Philippe Bihouix, dessin : Vincent Perriot, Éditions Casterman

Quel avenir pour notre civilisation ?
A en croire les milliardaires de la Silicon Valley, notre destin passerait inéluctablement par les métavers, l’intelligence artificielle, les robots autonomes et la conquête spatiale, tandis que les énergies renouvelables et les voitures électriques nous permettraient de maintenir notre « niveau de vie » tout en poursuivant la croissance économique et en « sauvant » la planète au passage.

Mais les limites planétaires se rapprochent dangereusement : changement climatique, effondrement de la biodiversité, dégradation et destruction des sols, pollutions globales… Alors peut-on croître indéfiniment ? Et si la contrainte sur les ressources matérielles à disposition, sur la planète et même dans le système solaire, mettait fin à cette course en avant effrénée ? Ressources dresse un état des lieux sans concession, mais ouvre des pistes concrètes vers un avenir durable.
 
Un dossier complète l’album avec 12 pages d’informations complémentaires, de glossaire et de sources.
 
itopie : nous retrouvons Philippe Bihouix aux commandes du scénario (et Vincent Perriot au le dessin) pour cette BD qui, sous certains aspects, fait penser à « Un monde sans fin » de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain. Le premier traite essentiellement de la pénurie annoncée des ressources naturelles (surtout métalliques) et le second s’attelle à expliquer ce qu’est réellement l’énergie et pourquoi elle est au centre des débats sur la transition. Si la mise en scène de la BD est un prétexte à porter le sujet en image, il n’en demeure pas moins que ces deux livres ont des atouts indéniables en termes de pédagogie. Philippe Bihouix ne mâche pas ses mots et réussit à faire le tour du sujet en abordant de nombreuses problématiques, avec un ton qui se veut constructif, apaisé et parfois humoristique.

Déclaration universelle des droits de l’esprit humain

Mark Hunyadi, éditions PUF

En 1982, les fonds marins ont été déclarés patrimoine commun de l’humanité. Il se pourrait qu’on trouve dans cette déclaration un modèle et une inspiration pour protéger un bien d’une autre nature : l’esprit humain. Car celui-ci est menacé par le tout numérique et l’omniprésence des écrans, qui altèrent nos facultés et portent atteinte à notre liberté.

L’auteur propose ici une Charte de protection des esprits pour garantir la liberté, l’autonomie et l’intégrité de nos esprits. Une déclaration ambitieuse pour assurer à nos esprits et au numérique, désormais liés, une cohabitation épanouissante.

itopie : ce livre aborde de manière philosophique une crainte que beaucoup d’entre nous peuvent avoir vis-à-vis de la déferlante d’écrans et de numérique dans toutes nos activités humaines. Cette omniprésence de dispositifs pourrait-elle avoir un effet toxique sur nos esprits ? Il fait notamment la distinction entre la protection de la sphère privée (qui entre de plus en plus dans la norme) et la protection de l’intimité de l’esprit (qui elle n’est absolument pas protégée). Une lecture très enrichissante.

Les grands défis de l’IA générative

Collectif Data For Good (2023).

L’Intelligence Artificielle générative s’immisce de plus en plus dans nos vies à travers des outils (ChatGPT, Midjourney, DALL-E, etc… ) capables de générer des contenus (textuels, visuels et vidéo) de qualité quasi-humaine et à une vitesse inégalée. Nous nous devons de questionner l’impact de cette révolution technologique sur notre société. Il n’est plus seulement question de savoir comment exploiter ces outils, mais aussi et surtout pourquoi et dans quel but.

Data For Good, depuis sa création en 2014, travaille inlassablement à mettre le numérique au service de l’intérêt général. C’est dans cette perspective que nous avons conduit une recherche approfondie sur les enjeux de l’IA générative, ses implications directes et indirectes sur nos vies, notre environnement et notre société.

L’objectif de ce premier rapport est de fournir une analyse détaillée des risques présentés par ces avancées technologiques, tout en proposant des recommandations ciblées aux utilisateurs, aux décideurs et aux développeurs, afin de maximiser l’impact positif de l’IA générative sur la société et minimiser les risques qui lui sont associés.

itopie : cette étude est assez remarquable dans son approche scientifique. Elle décortique de nombreux aspects problématiques sous-jacent à l’IA générative. Il est clair que le postulat de départ n’est pas de remettre en cause l’IA générative, mais bien d’essayer de la faire entrer dans les limites planétaires, ce qui n’est pas une mince affaire. On le voit également dans la conclusion qui tente le grand écart entre la nécessité de poursuivre les recherches sur l’IA et l’épée de Damoclès des problèmes induits (énergie, environnement, ressources, société,…).