La vulnérabilité croissante de la société numérisée

La course à la numérisation de tous les aspects de notre société représente de nombreux risques qui ne sont pas du tout pris en compte ou face auxquels nous faisons preuve d’un déni flagrant. Nous avons passablement parlé sur ce site des impacts environnementaux croissants engendrés par l’extraction, la fabrication et l’usage des technologies numériques. Que ce soit sous l’angle de l’énergie consommée (et souvent gaspillée) ou de la boulimie en ressources naturelles non-renouvelables (comme les métaux), la tendance n’est de loin pas durable.

Sur le plan éthique, le tableau est tout aussi sombre. En effet, les acteurs qui prennent le pouvoir par le numérique, ce sont ces gigantesques entreprises étasuniennes et chinoises (notamment) qui excellent dans le capitalisme de surveillance. Leurs objectifs se retrouvent à l’opposé de la transition écologique et du respect des usagers et usagères (qui ne sont pas réellement leurs client·e·s, mais bien une forme de matière première) et de leur dignité numérique.

Un aspect dont nous n’avons pas trop parlé, c’est la sécurité informatique ou, de manière plus réaliste, l’insécurité informatique. Il ne s’agit pas de parler ici d’une fuite de données ou d’un rançongiciel qui s’attaque à une PME locale, mais bien de réactions en chaîne suite à une panne dont la cause première est une attaque informatique. Ce scénario n’est pas du tout farfelu.

Plus on sera connecté·e et plus on sera vulnérable.

Le 17 janvier 2023, sur les ondes de la RTS La Première, l’experte en cybersécurité Solange Ghernaouti était interviewée dans la Matinale à propos de son nouveau livre – OFF – une fiction pas si improbable que cela, mettant en scène une panne générale de notre société causée par notre dépendance extrême au numérique.

RomanOffSolangeGhernaouti

L’ubris, c’est vraiment cette démesure, de cette fuite en avant technologique, en pensant que si on n’arrive pas résoudre un problème qu’il soit de nature humaine, politique ou économique, par une technologie qui soit insuffisante, on va rajouter de la technologie. Donc cette fuite en avant technologique constitue un des facteurs de risque assez impressionnant.

Nous vous recommandons vivement l’écoute de ce podcast.

Solange Ghernaouti nous conseille ainsi de penser en termes de retenue numérique sur l’interconnectivité et de garder les savoir-faire en dehors de l’informatique. En d’autres termes, elle va même plus loin que la sobriété numérique que nous promouvons. Comme le numérique est par essence fragile (puisqu’interconnecté et dépendant de sources énergétiques), il s’agit de toujours conserver les connaissances et l’expertise dans les activités indispensables à notre survie, en réinstaurant l’Humain au profit de la technologie.

Il faut décomplexifier la situation en diminuant le nombre de dépendance.

Remettre l’Humain au centre, décomplexifier l’informatique, aller vers la sobriété… que des thèmes qui nous sont chers !